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Arno Klarsfeld (né le 27 août 1965) est un avocat franco-israélien et collaborateur occasionnel du Président Nicolas Sarkozy, connu principalement pour son implication récente dans des dossiers brulants de politique intérieure française, tels que la pluralité des mémoires ou les mal-logés. Ses parents (Serge et Beate Klarsfeld) furent célèbres pour avoir traqué et traduit en justice les criminels de guerres dont d'anciens nazis et furent surnommés les chasseurs de nazis.
Biographie
Origine, études et famille
Fils de
Serge et de
Beate Klarsfeld, elle-même allemande et fille d'un officier des
SS, Arno Klarsfeld fait ses études aux lycées Janson-de-Sailly et Claude Bernard à
Paris, puis dans les universités de Paris II-Panthéon
Assas, de Paris-
Sorbonne et de New York University. Il obtient une maîtrise de droit et un master en droit international.
En janvier 2003, une puissante altercation l'oppose à Robert Ménard, sur le plateau de "Tout le monde en parle". voir anecdote en bas de page.
Carrière juridique
Inscrit aux barreaux de
Paris, de
New York et de
Californie, Arno Klarsfeld abandonne le cabinet d'affaires new-yorkais Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom LLP pour rejoindre celui de son père et de sa soeur à Paris. Depuis, il est l'avocat de l'association des Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF).
Avocat des parties civiles
- Au procès Touvier
En
1994, il est avocat des parties civiles au procès de
Paul Touvier, chef de la
Milice à
Chambéry et à
Lyon, condamné à la réclusion à perpétuité. Lors du procès, il se désolidarise de ses confrères en argumentant sur le fait que Touvier avait décidé seul de procéder à des exécutions, sans avoir reçu d'ordre des Allemands. À cette occasion, l'historien
Henry Rousso, écrit dans
Libération qu'Arno Klarsfeld était « l'avocat de la vérité ».
- Au procès Papon
En
1998, Arno Klarsfeld représente l'association des Fils et filles de déportés juifs de France lors du procès de
Maurice Papon. Il se fait remarquer par les médias en se rendant ostensiblement au Palais de Justice en patins à roulettes.
Un avocat engagé contre les crimes de guerres
Il fait ensuite campagne, notamment dans les médias, pour la création de cours internationales afin de juger les criminels de guerre pour des massacres tels que le
Génocide au
Rwanda et celui au
Kosovo.
À la suite de l'audience du tribunal administratif de Toulouse du 16 mai 2006 concernant le procès entamé par Georges Lipietz et Guidéon S. contre l'État et la SNCF pour leur rôle dans leur transferts de Pau au Camp de Drancy, il prend néanmoins parti pour la SNCF par un «point de vue» dans le journal Le Monde.
Activités politiques
En
2005, il est sollicité par
Nicolas Sarkozy, président de l'UMP et ministre de l'Intérieur, pour rédiger des rapports sur un certain nombre de thèmes ou pour exercer des médiations ministérielles.
Rapporteur
- Rapport sur les lois mémorielles
En décembre
2005, il est chargé de rédiger un « travail approfondi sur la loi, l'Histoire et le devoir de mémoire », suite à la polémique autour de la loi mémorielle du
23 février 2005 mentionnant le « rôle positif » de la
Colonisation. Il devait notamment proposer une analyse - comme celles sur le
Négationnisme et le
Génocide Arménien - dont des historiens demandent l'abrogation au nom de la « liberté » de leur travail.
Dans son rapport, il récapitula d'abord les interventions successives du législateur français en ce domaine, notamment l'ordonnance du 19 janvier 1816 (pour commémorer les victimes de la Révolution), la loi du 30 juillet 1881 (pour indemniser les victimes du coup d'État de décembre 1851), la loi du 7 juillet 1880 (pour adopter le 14 juillet comme Fête nationale), et la loi du 10 juillet 2000 issue du discours de Jacques Chirac au Vel d'Hiv' en 1995 (qui reconnut la faute de l'État français lors de la rafle de 1942).
Il proposa d'établir la distinction entre les régimes discriminatoires accompagnés de répression, Torture ou de massacres, et ceux ayant investi dans les infrastructures (routes et bâtiments publics) même si elles furent conçues pour répondre essentiellement aux besoins des colons.
Le choix d'Arno Klarsfeld pour rédiger ce rapport fut pourtant critiqué par le MRAP, contestant sa légitimité et son impartialité à cause de ses déclarations sur la guerre d'Irak et son engagement dans l’armée israélienne pour servir spécifiquement dans les Territoires occupés, le secrétaire général du MRAP Mouloud Aounit allant jusqu'à qualifier l'avocat de militant actif de la colonisation" (dans les Territoires Occupés) et de farouche défenseur de la guerre coloniale contre l'Irak. En réponse, le 27 décembre 2005, sur France Inter, Arno Klarfeld comparait le président du MRAP avec le président iranien déclarant que « Mouloud Aounit est peut-être sur la même ligne que le président iranien (Mahmoud Ahmadinejad) qui estime que les juifs n’ont rien à faire au Moyen-Orient » puis le 11 janvier 2006, sur la chaîne de télévision française France 2 dans l'émission On a tout essayé « le MRAP souhaite la disparition de l’État d’Israël ».
- Rapport sur la délinquance
En mai 2006, Arno Klarsfeld livre un rapport de sept pages de réflexion sur la délinquance à la demande de Nicolas Sarkozy.
Médiateur
- Médiateur national concernant les expulsions d'enfants
Le 28 juin 2006, Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, nommait Arno Klarsfeld « médiateur national » concernant les expulsions d'enfants. .
Cette nomination est immédiatement critiquée à gauche notamment par Daniel Schneidermann dans un article dans Libération, considérant comme « stupide » de faire entrer « le spectre conjugué de la déportation des Juifs et du conflit du Proche-Orient, dans la politique française d'immigration » mais aussi par Arnaud Montebourg, député et membre du Parti socialiste, qui déclare qu'« il aurait mieux valu ou fallu nommer peut-être pour l’efficacité soit David Halliday, Paul Belmondo ou Anthony Delon ! Il se trouve que c’est Arno Klarsfeld ».
Pour ne pas s'être opposé à certaines explusions ou en avoir approuvé en vertu des conditions de régularisations retenues, Arno Klarsfeld fut également pris à partie par l'Association pour la Démocratie à Nice et dans les Alpes Maritimes et par Réseau éducation sans frontières (RESF) ,,.
- Médiateur auprès des Enfants de Don Quichotte
En décembre 2006, Arno Klarsfeld a été chargé par Nicolas Sarkozy de résoudre la crise provoquée par la mobilisation des SDF avec l'association Les Enfants de Don Quichotte .
Il déclare notamment que le coût pour loger les SDF " ne devrait pas être exorbitant". "L'idée c'est de trouver d'ici à deux ans une solution raisonnable en termes de quantité et de qualité d'accueil pour les SDF (...) Sarkozy n'a pas dit qu'il y aurait zéro SDF dans deux ans, il a dit qu'il y aurait un accueil humain pour chaque personne d'ici deux ans."
Engagement contre le Front national
Arno Klarsfeld s'est d'abord engagé politiquement contre le Front national. En 1987, il a arboré un T-shirt «
Le Pen = nazi » à la tribune d'une réunion publique du FN.
Mission écologie et transport
Par courrier en date du
19 février 2007, Arno Klarsfeld se voit chargé par Nicolas Sarkozy une mission sur écologie et transports .
Candidature à la députation
Suite à la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république le
6 mai 2007, la commission d'investiture de l'UMP désigne Arno Klarsfeld comme candidat aux élections législatives dans la 8
e circonscription de Paris (XII
e arrondissement) afin de succéder au député
Jean de Gaulle. S'il semble d'abord peu à l'aise dans ce nouveau rôle de candidat et si ses adversaires lui reprochent de ne pas habiter dans le secteur, il parvient à être en ballotage favorable au soir du premier tour des élections législatives, mais il perd finalement le second au profit de la candidate socialiste
Sandrine Mazetier, qui remporte 55,85% des voix face à 44,15% .
Actualité
Arno Klarsfeld est aujourd'hui conseiller au sein du cabinet du premier ministre
François Fillon et est pressenti pour devenir contrôleur général des prisons poste créé par la nouvelle loi sur la récidive de
Rachida Dati. Le 24 novembre 2007, il a été fait chevalier de l'Ordre National du Mérite par le Président de la République
Nicolas Sarkozy, après sa mère
Beate Klarsfeld qui avait été décorée de la
Légion d'honneur.
Relations au Moyen-Orient
Engagement personnel en faveur de l’État d'Israël
En
2002, à trente-sept ans, il prend la nationalité israélienne . Bien qu'ayant passé de dix ans la limite d'âge, il s'engage dans les Magav, les garde-frontières rattachés à la
police israélienne, et est affecté à des check-points autour de
Bethléem, en Cisjordanie . Il déclare le 4 décembre 2003 à l'Agence de presse israélienne francophone Guysen : "La haine est un sentiment banni des rangs de Tsahal. Oui, je suis fier de servir au sein de l'armée d'Israël".
Le 4 décembre 2001, il avait écrit dans un article intitulé Israël-Palestine : les vraies causes du conflit publié dans Le Monde, qu'en s'opposant à l'immigration juive en Palestine dans les années 1930, les Palestiniens étaient responsables de la mort d'une partie des victimes de la Shoah: « Si les Juifs persécutés d'Allemagne, de Pologne, de Hongrie, de Roumanie et d'ailleurs avaient été admis à immigrer en Palestine, ainsi qu'il avait été convenu et reconnu par la Société Des Nations, sans doute le nombre de Juifs exterminés aurait été très inférieur à ce qu'il fut ». Dans ce même article il déclarait qu'il n'y a rien de choquant à ce que des Israéliens habitent dans les territoires occupés, puisque des Palestiniens vivaient bien en Israël. « On dit que les implantations juives dans les territoires occupés sont un obstacle à la paix. Peut-être. Mais on peut aussi retourner le propos. Pourquoi des Juifs ne pourraient-ils pas habiter en Cis-Jordanie et à Gaza, alors qu'un million d'Arabes vivent en Israël ».
Cependant, partisan d'un pays pour les Palestiniens, un pays pour les Israéliens (à peu près dans les frontières de 1967) et le partage de Jérusalem, il reconnaît le caractère "insupportable" de toute occupation pour les "populations conquises" dans une tribune publiée le 5 septembre 2005 dans le quotidien français Le Monde. Il ajoute : "Rien ne s’oppose à la création d’un État palestinien libre et indépendant, à condition que les Palestiniens renoncent à un droit de retour qui pourrait faire théoriquement des juifs une minorité dans leur propre État, et qu’ils renoncent au terrorisme".
Soutien à l'invasion américaine de l'Irak
C'est au nom de l'amitié avec les États-Unis, de la protection due à Israël, et des droits de l'homme qu'il apporte aussi son soutien à l'intervention américaine en
Irak. Il prendra en
2004 la défense du président
George W. Bush sur les plateaux de télévision français (notamment au
Grand Journal de
Michel Denisot sur Canal+).
Citations
- « Dans les années 1980, les manuels scolaires rédigés par des agrégés d'histoire affirmaient que les juifs en France avaient été arrêtés par les seuls Allemands, alors que les trois quarts l'ont été par des policiers de Vichy. Les historiens ne sont pas neutres, ils ont aussi leurs engagements politiques. » (Libération, 30 décembre 2005)
- « A travers siècles et époques, les juifs ont conservé et maintenu leurs traditions sans s'assimiler, et cette non-assimilation était la preuve non seulement de leur foi religieuse, mais aussi de leur amour profond pour leur patrie perdue ». (Le Monde, 2001)
- « Quelle logique il y aurait à un État palestinien exigu, divisé et surpeuplé, alors que la Jordanie est vaste, peu peuplée et habitée majoritairement par des Palestiniens. » (Le Monde, 4 décembre 2001)
- « Les deux peuples ont tant à gagner à s’entendre et tant à perdre à continuer le combat » (Le Monde, 5 septembre 2005)
- En rapport avec sa candidature dans la 8e circonscription de Paris : « Je ne suis pas un expert du douzième arrondissement, mais je suis parisien. Et je l'ai traversé quand j'ai couru le Marathon de Paris. » (journal Le Parisien, 16 mai)
- Après avoir perdu : « Je suis amoureux de cette circonscription, mais l’amour n’est pas toujours payé de retour. »
Varia
- Il a joué un petit rôle dans le film Les Fugitifs.
- Il aurait été l'amant de Carla Bruni-Sarkozy, Première Dame de France.
Anecdote
Sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle, en janvier
2003, il lance un verre d'eau sur
Robert Ménard, fondateur de l'association Reporters Sans Frontières, lors d'un échange assez vif sur la liberté d'expression des
négationnistes de la
Shoah et la légalité de la vente d’objets nazis sur le site internet
Yahoo.
Bibliographie
- Touvier, un crime français, Paris, Fayard, 1994, ISBN : 2-213-59312-4
- Les Dieux ne songent qu'à dormir, Paris, Flammarion, 1995, ISBN : 2-08-067092-1
- Les Bâtons, Paris, Ramsay, 1997, ISBN : 2-84114-284-1
- La Cour, les Nains et le Bouffon, Paris, Robert Laffont, 1999, ISBN : 2-221089081
- Israël transit : Entretiens avec Yves Derai, Paris, l'Archipel, 2005,ISBN 2-841874656
Notes
Voir aussi
Lien externes